Témoignages de Josette et de Blanche

Lors de la journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation à Libourne, Me Josette Mélinon raconte comment elle fut arrêtée le 10 janvier 1944, en même temps que sa soeur Blanche et sa cousine Myriam Errera.

"Vers 22 H, le 10 janvier 1944 des coups frappés à la porte d'entrée. Notre mère ouvrit et se trouva face à 5 soldats allemands, mitraillette calée contre la hanche. Après avoir suivi notre mère dans les chambres où elle prit quelques vêtements, ils réclamèrent du linge devant les portes de l'armoire ouverte. Nous descendîmes l'escalier toujours encadrées et là, je me mesurai à la hauteur de leurs bottes !

Nous nous retrouvâmes au milieu de l"avenue Foch, sous une petite pluie fine, suivant les soldats allemands qui marchaient de leurs pas saccadés. arrivées à la prison, en bas, se trouvait une jeune polonaise qui parlait très peu, sans doute Marie Lipschitz.

Après avoir pris l'escalier en colimaçon dont les murs étaient peints en rose sale, nous nous retrouvâmes face à la cellule où nous vîmes, assises sur le banc, tantes, cousines, grand -mère, grand - tante, etc...Là je passai dans tous les bras, embrassée, serrée, ne comprenant pas ce qui m'arrivait.

Ma sœur, plus âgée de 7 ans, était inquiète et comprenait que tout ce qui avait été murmuré, à peine prononcé, devenait réalité.

Après deux nuits passées en prison, notre père, muni de certificats de baptêmes de grands - mères et arrière - grands - mères (7 générations), nous fit sortir avec l'aide d'une voisine épouse d'un médecin.

Là je descendai l'escalier en sautant, inconsciente et insouciante : je n'avais que 3 ans et 5 mois.

Je ne revis ma mère qu'après la libération et ne revis jamais ma grand - mère Camille Torrès."

Ecoutez leur témoignage :